Équité, inclusion et pouvoir communautaire : la voix essentielle d’Amanda Sawadogo à Nairobi

Du 6 au 8 mai 2025, Nairobi a accueilli la conférence « Evidence for Development Conference”, un rendez-vous stratégique réunissant chercheurs, décideurs, acteurs de terrain et leaders communautaires autour d’un objectif commun : faire progresser l’agenda du développement de l’Afrique grâce à des solutions fondées sur les données, et portées par les Africains eux-mêmes.

Dans ce cadre, la session intitulée « How can equity and inclusion accelerate Africa’s progress toward Agenda 2063? » a donné la parole à des figures engagées de la recherche, de la santé et du développement. Parmi elles, Amanda Sawadogo, Secrétaire générale de l’Association de soutien aux enfants et femmes vulnérables au Burkina Faso et membre du réseau Voix EssentiELLES, a livré une intervention puissante au nom des communautés qui, trop souvent, restent en marge des décisions.

Rendre la science accessible, représentative et utile

Amanda a ouvert la discussion en mettant en lumière les déséquilibres persistants qui freinent l’accès équitable à la recherche et à l’innovation. Car si la science a le pouvoir de transformer nos sociétés, encore faut-il qu’elle soit produite et partagée de façon équitable.

Partant du constat que les discussions et décisions sur les secteurs et thématiques de recherches et d’etudes n’incluent pas la plupart du temps les savoirs locaux et les perspectives féminines, Amanda dresse une liste d’actions urgentes devant être prises pour l’intégration des ces expériences communautaires dans la conception des projets de développement.

Pour elle, l’Afrique doit reprendre la maîtrise de sa production scientifique, ce qui passe par :

  • La décolonisation de la recherche afin qu’elle reflète les priorités locales
  • Le financement des institutions de recherche et chercheurs du continent
  • La valorisation des savoirs endogènes comme sources légitimes de solutions

Ce message s’inscrit pleinement dans les ambitions de l’Agenda 2063, reconnaissant la science, la technologie et l’innovation comme piliers de la transformation socio-économique du continent.

Rééquilibrer les rapports de pouvoir pour une gouvernance inclusive

Au-delà de la recherche, Amanda a mis l’accent sur les obstacles systémiques qui freinent encore l’accès des jeunes, des femmes et des personnes vivant avec un handicap aux espaces de décision. Trop souvent, le leadership reste réservé à une élite répondant à des critères implicites : âge, statut social, validité physique, genre masculin.

À travers son expérience au sein du CCM du Fonds mondial au Burkina Faso et en tant que point focal francophone du Hub Apprentissage « Communauté, Droits et Genre »du Réseau d’Accès aux Médicaments Essentiels (RAME), elle incarne une nouvelle génération de leaders communautaires pour lesquels il ne s’agit plus simplement d’être présent·e autour de la table, mais de peser réellement dans les décisions. En plus de l’instauration de quotas contraignants, il faut aussi un véritable accompagnement des communautés vers ces espaces de gouvernance pour maximiser leur plaidoyer et veiller à une réelle intégration des besoins spécifiques des populations dans la formation de politiques et l’allocation budgétaire

Donner aux communautés les moyens de créer le changement

Enfin, Amanda a insisté sur le fait que les solutions durables émergent des communautés elles-mêmes, à condition qu’elles soient écoutées, financées et impliquées dès le début. Elle a appelé à :

  • L’institutionnalisation de la participation communautaire dans l’élaboration des politiques publiques
  • L’investissement direct dans les initiatives de terrain, touchant un renforcement des compétences de ces organisations locales pour plus d’impact
  • La co-création des projets de développement pour encourager un rôle actif des communautés dans la détermination de leur propre futur. Les communautés ne sont pas des bénéficiaires passifs, mais des Co-constructrices actives du développement.

Pour elle, l’initiative Voix Essentielle représente un exemple concret de cette approche : en confiant aux organisations communautaires les moyens de porter des solutions issues du terrain, le programme démontre que l’impact passe d’abord par la confiance, le financement direct et l’écoute active des besoins réels.

L’équité n’est pas un supplément : c’est la condition du progrès

À travers son intervention, Amanda a réaffirmé une conviction forte, partagée par l’ensemble des programmes de Speak Up Africa :

“Pour réaliser pleinement l’Agenda 2063, il est essentiel de faire confiance aux compétences locales, de favoriser des politiques inclusives, et d’amplifier les voix de celles et ceux qui innovent chaque jour au service du continent.”

Loin des discours abstraits, Amanda Sawadogo nous rappelle que l’avenir de l’Afrique se joue dans sa capacité à écouter, équiper et faire confiance à ses communautés.