Dans une résistance retentissante contre les violences basées sur le genre (VBG), les joueuses de basketball s’unissent pour affronter ce problème omniprésent de front. L’activité, dirigée en collaboration entre la Basketball African League (BAL) et Speak Up Africa et son initiative Voix EssentiELLES, met en lumière la nécessité impérieuse de s’attaquer aux VBG en Afrique. 

L’Afrique affiche l’un des taux les plus élevés de violences basées sur le genre au niveau mondial, avec 31% des femmes déclarant avoir été victimes de violences de la part de partenaires intimes à un moment de leur vie. Selon le Fonds Monétaire International, pour chaque augmentation de 1% du nombre de femmes victimes de violences basées sur le genre, les activités économiques nationales diminuent jusqu’à 8%. La corrélation entre les violences basées sur le genre et le développement économique souligne l’urgence de combattre ce problème pour que l’Afrique prospère.

Le 10 décembre marque non seulement la Journée des droits de l’homme, mais symbolise également la fin de la campagne annuelle internationale « 16 jours d’activisme contre la violence basée sur le genre envers les femmes et les filles ». Initiée en 1991 lors de l’inauguration de l’Institut international pour le leadership des femmes, cette campagne vise une mobilisation mondiale pour la prévention et l’élimination des violences envers les femmes et les filles. Le thème de la campagne des 16 jours pour cette année est « Investir pour prévenir la violence à l’égard des femmes et des filles », soulignant l’importance d’investir dans différentes stratégies de prévention pour mettre fin à la violence dès le début.

En solidarité avec l’initiative mondiale, la Basketball African League et Speak Up Africa, à travers l’initiative Voix EssentiELLES, ont pris des mesures proactives pour lutter contre les violences basées sur le genre. Les deux organisations, qui collaborent depuis le début de l’année 2023, ont organisé une session de formation sur le genre pour les jeunes joueuses de basket et lancé une campagne de sensibilisation numérique disant « Non aux VBG ». Les objectifs étaient de renforcer le partage d’expériences entre les bénéficiaires de Voix EssentiELLES au Sénégal et les jeunes athlètes de la BAL, le renforcement des connaissances des participants sur les VBG et la « masculinité positive », et l’augmentation de la visibilité des 16 jours d’activisme grâce à des campagnes sur les réseaux sociaux.

L’experte en genre, Marietou DIA, mobilisée pour la formation, a souligné que peu d’athlètes sont sensibilisés de manière adéquate à la violence basée sur le genre lors des sessions de formation. Malgré les différentes formes de violence répandues dans la communauté sportive, les victimes restent souvent silencieuses par peur de représailles, de honte ou de tabous. Il est crucial que l’ensemble de la communauté sportive se mobilise efficacement et lutte contre toutes les formes de violences sexuelles et basées sur le genre.

Les points forts de l’activité

Les activités comprenaient un camp de basket à l’Académie NBA, offrant l’occasion à la BAL d’identifier de jeunes filles talentueuses pour le camp U23 au Rwanda. Un atelier de formation sur le genre a réuni 20 jeunes joueuses de basket, cinq entraîneurs femmes de la BAL et deux représentantes de Voix EssentiELLES du Sénégal – Sylvie Diack, coordonnatrice du Club des jeunes filles de Kolda et Fatimata SY, activiste et Secrétaire Générale de l’Association Sénégalaise pour l’Avenir de la Femme et de l’Enfant (ASAFE) – en tant que co-animatrices. Les discussions ont porté sur des concepts liés au genre, les stéréotypes de genre, la dynamique du pouvoir, les normes sociales, les types de violences, les structures de référencement des victimes et survivantes de VBG, etc. Des groupes de discussion dirigés par les Voix EssentiELLES ont été formés, et des études de cas ont été réalisées sur un thème spécifique pour encourager l’échange et le partage d’expériences, motivant ainsi les joueuses à s’impliquer dans la lutte contre les VBG. Un des succès majeurs de cette activité a été de favoriser la création d’un espace de dialogue et de partage d’expériences entre les participantes. Les jeunes filles ont bénéficié d’outils pratiques de plaidoyer et de gestion des cas de VBG. À la fin, elles ont élaboré des slogans pour dire « Non aux VBG ».

En conclusion, il est primordial de créer des  espaces propices au dialogue et au partage d’expériences entre les femmes provenant d’horizons différents. Les jeunes athlètes ont reçu des outils pratiques de plaidoyer et ont appris à gérer les cas de VBG. Il est impératif de mettre en place des mesures préventives, de former les encadrants sportifs et de promouvoir des valeurs d’égalité, de respect et de non-violence au sein de la communauté sportive. 

Comme le déclare avec justesse la formatrice, « en travaillant ensemble, nous pouvons contribuer à mettre fin à ces violences et créer un environnement inclusif et sécuritaire pour tous. » Voix EssentiELLES ouvre la voie, signe d’espoir pour un avenir débarrassé des violences basées sur le genre.

Ce blog est signé par :
Papa Djibril Faye, Chargé de Programme
Kadidiatou Madina Bah, Chargée de Communication Stratégique

A l’occasion de la deuxième édition du Forum des LeadHERs d’Afrique, Speak Up Africa a organisé une série de webinaires dénommée « Les webinaires de l’égalité ». Organisées en marge de la journée internationale de la  femme sur le thème « Le digital au services de l’égalité des droits », ces webinaires de l’égalité visent amplifier les voix des femmes de divers secteurs et souligner l’urgence de réduire les inégalités de genre partout dans le monde.

114 participantes et participants issus notamment du Burkina Faso, de la Côte d’Ivoire, de la France et du Sénégal, ont pris part à ces rencontres virtuelles qui ont eu lieu les 14 et 28 mars. Elles ont  réuni une dizaine d’intervenantes et intervenants issus de divers secteurs notamment la santé, la société civile et le sport. La première rencontre organisée avec les organisations Voix EssentiELLES s‘est tenue sur le thème « Les Voix EssentiELLES, toutes engagées pour un monde plus inclusif » tandis que la seconde a eu pour thème « Leadership, Mentorship et Diasporas : le pouvoir du sport pour atteindre l’égalité des genres ». 

Lors de la première rencontre virtuelle les différentes intervenantes Voix EssentiELLES ont insisté sur l’urgence d’éliminer les barrières structurelles et sociales qui empêchent les femmes d’accéder aux services numériques.

Les inégalités des genres en matière d’accès au numérique restent, en effet,  persistantes partout dans le monde. En Afrique par exemple,  on estime que près de 80% des femmes n’ont pas accès au numérique. Dans le cas de l’utilisation de  l’internet mobile, l’écart entre les hommes et les femmes sur le continent est de 37% en 2022.

Les intervenantes des organisations Voix EssentiELLES ont rappelé que ces difficultés d’accès au numérique accentuent les inégalités de genres puisqu’elles empêchent les femmes d’accéder à certains services numériques  spécifiques liés  à la  santé, à l’éducation ou encore à la finance. Pire, l’exclusion des femmes du numérique amenuise les efforts pour un monde plus juste et équitable et met en danger les progrès réalisés en ce qui concerne les droits des femmes.

« La covid-19 a démontré que le numérique a toute sa place dans la lutte pour l’égalité des genres. Aujourd’hui grâce au pouvoir des réseaux sociaux, les actions des défenseur(e)s des droits des femmes peuvent avoir un impact sur les conditions  de vie des femmes, même celles vivant en zones rurales. »

Gbazalé Irad, Présidente de Femmes en action et récipiendaire du Fonds Voix EssentiELLES en Côte d’Ivoire

« Le numérique est un des facteurs principaux de la libération de la femme. Il est un instrument de lutte qui permet de porter la voix de toutes les femmes sur les questions qui les concernent, dans l’espace publique. »

Aissatou Lopy Mbaye Ndiaye, Vice-Présidente de l’Instance de Coordination Nationale du Fonds Mondial au Sénégal.

A ces difficultés d’accès au numérique s’ajoutent les violences en lignes dont les femmes sont les premières victimes. En 2021 par exemple, une étude a révélé que 85% des femmes dans le monde sont exposées à de la violence sur Internet, notamment le harcèlement.

« Il est important de renforcer la sensibilisation sur l’existence de la violence en ligne au Sénégal, car il existe une réelle méconnaissance de ce fléau dans les communautés. »

Oussama Sagna Monique, Responsable de projets à JGEN et récipiendaire du Fonds Voix EssentiELLES au Sénégal

Le second webinaire a été animé par plusieurs personnalités sportives parmi lesquelles  l’ancienne basketteuse internationale Diandra Tchatchouang, le basketteur international Axel Toupane, la présidente de l’association Ladies and Basketball  Syra Sylla et la Responsable RSE à la Ligue Africaine de Basket-ball Marie-Laurence Archambault. Ces différents intervenants ont mis en évidence la nécessité de combattre les stéréotypes de genres qui persistent dans le milieu sportif ainsi que l’importance de miser sur le numérique pour renforcer la représentation des femmes dans le sport.

« La représentation dans le sport est extrêmement importante, car les jeunes filles ne s’imaginent pas dans des carrières sportives qu’elles ne voient pas ou qui ne sont pas mises en avant. En ce sens, le digital permet de faciliter la connexion entre les modèles de femmes sportives et les jeunes filles mais aussi de créer nos propres médias et plateformes afin de changer le narratif sur les femmes dans le sport. »

Syra Sylla, Présidente de l’Association Ladies and BasketBall et Responsable de la communication chez Sport Impact
Dans plusieurs pays, les inégalités de genre font encore peser sur les femmes et les filles des discriminations et violences liées aux normes sociales, culturelles, juridiques et économiques. Ces inégalités persistantes empêchent les femmes de disposer de leurs droits et de participer activement aux prises de décisions sur des aspects qui touchent leur vie. L’ONU Femmes estime même qu’il faudrait 300 ans pour combler les inégalités en matière de protection juridique ou de représentativité des femmes dans les sphères de pouvoir et de leadership. 

Heureusement, des organisations communautaires de femmes œuvrent  à réduire cet écart en assurant que les femmes et les filles soient impliquées dans les processus de prise de décision qui les concernent. Grâce à l’initiative Voix Essentielles, ces organisations basées au Burkina Faso, au Sénégal et en Côte d’Ivoire contribuent à amplifier les Voix des femmes et à améliorer l’accès aux services de santé pour toutes. 

Quelques-unes de leurs mobilisations valorisées par  Moussonews


Sope Sa Njabot : des héroïnes de la riposte communautaire contre la tuberculose

Au Sénégal, depuis 2006, l’association Sope Sa Njabot informe, sensibilise et conseille les populations sur tous les aspects de la lutte contre la tuberculose. Une approche communautaire qui porte ses fruits à Mbour grâce à l’appui de Speak up Africa à travers le programme  Voix Essentielles.

Mbour, situé sur la Petite-Côte, à environ 80 km au sud de Dakar et limitrophe de la station balnéaire de Saly, Alimatou Sadiya Samb, relais communautaire de l’association Sope Sa Njabot, rend régulièrement visite aux habitants de son quartier afin de leur montrer comment se protéger contre la tuberculose. Cette volontaire communautaire intervient dans le cadre d’une campagne de prévention et de traitement de la tuberculose, même dans les zones les plus reculées de sa commune en cette période de pluie. (…) Alimatou Sadiya Samb prend à bras le corps sa mission.

« Il nous arrive de tomber sur des personnes affectées par un trouble mental ou sur des personnes vivant avec un handicap qui vivent avec la maladie sans assistance. C’est nous relais qui devenons leurs papas et leurs mamans. C’est nous qui assurons tout pour qu’ils guérissent puisqu’ils n’ont personne pour les aider. »

Alimatou Sadiya Samb, relais communautaire de l’association Sope Sa Njabot
Lire la suite

Les Bajenu Gox de Thiès ont réussi à améliorer la santé de la mère et de l’enfant

De bons résultats en termes de mortalité infantile, néonatale et maternelle sont enregistrés par le Sénégal au cours de ces dernières années. Derrière ce succès se cache de grands efforts fournis par les Bajenu Gox. Nous sommes allées voir la recette des performances enregistrées par ces « marraines de quartier » de Thiès, récipiendaire du fonds Voix Essentielles.

C’est une matinée avec un vent frisquet après une petite pluie qui s’est abattue la veille sur la ville Thiès que les Bajenu Gox de Thiès, toutes de blanches vêtue, ont organisé une séance de causerie, l’une de leurs activités phares. Pendant ces moments, elles partagent, entre elles, leur savoir. Adja Fatou Badiane, une Bajenu Gox qui veut dire une « marraine de quartier » en wolof dirige l’association des Bajenu Gox de Thiès qui regroupe plus de 250 membres actifs. (…)  Adja Fatou Badiane revient sur les principaux axes d’intervention :

« on fait des plaidoyers pour intervenir sur trois axes pour réduire la mortalité maternelle. Il s’agit de la prise de décision tardive pour aller à l’hôpital. On sensibilise les femmes pour qu’elles n’attendent pas au dernier moment avant de se rendre dans une structure sanitaire. Le fait de se rendre tard à l’hôpital présente d’énormes risques. Dans un deuxième temps, on intervient également dans la prise en charge tardive à l’hôpital. Enfin, l’accès difficile de certaines structures de santé est notre 3e axe de plaidoyer. »

Adja Fatou Badiane, Bajenu Gox
Lire la suite

Tuberculose : 200 lesbiennes sous les soins de ‘’ Cœur Valide’’ en Côte d’Ivoire

Des personnes souffrant de la tuberculose sont prises en charge et suivies gratuitement par l’association – Cœur Valide-  dans la ville de San Pedro en Côte d’Ivoire,. Parmi elles, plus de 200 lesbiennes. Leur accompagnement est davantage facilité grâce au programme Voix Essentielle.

Être lesbienne et porter une maladie comme la tuberculose relève d’un parcours de combattant en Côte d’Ivoire. A San Pedro, l’association Cœur Valide- ne cesse de voler à leur secours. Christiane, 30 ans, doit sa survie à cette association. Commerçante et appartenant à cette minorité sexuelle, la jeune dame a souffert de la tuberculose pendant longtemps. Elle est aujourd’hui guérie grâce au programme de suivi de l’association. La gorge nouée et les yeux remplis de larmes, la jeune dame témoigne survivre grâce aux soins offerts par Cœur Valide.

« La maladie me rongeait à petit feu. J’en souffrais au quotidien. Mais lorsque j’ai découvert le projet de Cœur Valide, j’ai pu bénéficier des soins et ce,gratuitement. Je me sens beaucoup mieux. »

Christiane, commerçante
Lire la suite

Côte d’Ivoire : Fenac plaide pour la distribution de serviettes hygiéniques en milieu scolaire

La problématique de la gestion hygiénique des menstrues est une préoccupation dans plusieurs pays de l’Afrique. Les menstrues sont parfois une cause d’abandon scolaire des filles. En Côte d’Ivoire, l’association Femme en Action (Fenac) plaide pour la distribution de kits hygiéniques dans les établissements scolaires. Elle a mené plusieurs activités et campagnes de sensibilisation dans le cadre du programme – Voix Essentielles.

L’adoption d’une politique de distribution de serviettes hygiéniques au profit des adolescentes dans les établissements scolaires en Côte d’Ivoire est désormais le combat de l’association – Femme en action-. Au quotidien et ce depuis l’accompagnement de Speak Up Africa avec le programme – Voix Essentielles – pour le projet – Top fille-, Nadège Epi Kouadou, coordinatrice dudit projet n’a pas de répit. Avec son équipe, elle sillonne des établissements de la ville d’Abgoville situé à 71 kilomètres d’Abidjan pour sensibiliser sur la gestion de l’hygiène  des menstrues.

Lire la suite

Bittou : l’association des veuves et des orphelins stoppe l’ampleur du paludisme et de la tuberculose

Le paludisme est la première cause de mortalité au Burkina Faso. Parmi ces milliers de morts évitables, plusieurs femmes et enfants. A Bittou, ville  frontalière avec le Ghana et le Togo, l’Association des veuves et orphelins,  est à l’avant-garde de la lutte contre cette endémie meurtrière  grâce à l’appui du fonds Voix Essentielles.

Bien que la mère soit le garant du bien-être de l’enfant, du ménage, de la communauté, la décision de recourir aux soins de santé ne revient pas au chef de ménage. Cette inégalité de genre ralentit les multiples efforts en cours pour le contrôle et l’élimination du paludisme dans la région du Centre-Est du Burkina Faso. L’Association des veuves et des orphelins résidents à Bittou (AVORB) à briser cette barrière sociale à travers son projet de plaidoyer sur la prévention du paludisme et de la tuberculose.

Durant six mois, la présidente de l’association Maïmouna Savadogo et ses animatrices ont conduit des sessions  d’information à l’endroit des femmes sur les modes de prévention du paludisme et sur l’importance de leur prise de décision à recourir aux soins de santé. Les chefs de ménages  sont également sensibilisés lors de ces causeries communautaires.

Lire la suite

Santé sexuelle et reproductive : des vies sauvées par Gnintawoma

Aborder les questions de santé sexuelle dans la commune de Garango, ville située dans la région du Centre-Est du Burkina Faso pouvait être considéré comme une atteinte aux mœurs. Stratégiquement et avec une approche communautaire, dans le cadre du programme Voix Essentielles, l’association Gnintowama a su instaurer des échanges autour de la problématique de la santé sexuelle et reproductive.  Des milliers de  femmes et de jeunes filles de la localité sont aujourd’hui éclairées sur le sujet  et prennent des décisions en toute indépendance.

Sabine (nom d’emprunt), 17 ans, doit sa vie à l’association Gnintawoma. La jeune fille a tenté d’avorter de façon clandestine. Les saignements n’avaient cessé au point que quelques unes de ses camarades s’inquiétaient de son état de santé. La causerie éducative initiée par l’association Gnintawoma dans leur établissement a sonné comme un ouf de soulagement. En effet, fin mai 2022, le lycée de Sabine dans la commune de Garango avait été choisi pour une sensibilisation sur les dangers de l’avortement, les drogues, mais aussi sur les méthodes  contraceptives pour éviter les grossesses non désirées.

Lire la suite

Dans le cadre de la campagne mondiale « 16 jours d’activisme contre les violences basées sur le genre », les organisations à base communautaire du Burkina Faso, du Sénégal et de la Côte d’Ivoire se retrouvent à Abidjan pour partager leurs expériences et mettre en commun leurs voix pour en finir avec les violences basées sur le genre. La rencontre, impulsée par Speak Up Africa a lieu du 30 novembre au 1er décembre 2022, dans la capitale ivoirienne.

Des bénéficiaires du Fonds Voix EssentiELLES du Burkina Faso, du Sénégal et de la Côte d’Ivoire participent à la rencontre qui a pour thème « Les Voix EssentiELLES s’élèvent contre les violences basée sur le genre ».  Au programme : une table ronde sur les défis régionaux de la lutte contre les violences basées sur le genre ainsi que des rencontres institutionnelles afin de sensibiliser les communautés et les décideurs politiques sur leur rôle dans l’élimination des violences à l’égard des femmes et des filles.

Nécessité d’une action urgente

Selon un rapport de ONU Femmes publié en septembre 2022, près de 65% des femmes dans le monde ont déclaré avoir déjà subi des violences verbales, physiques ou sexuelles au moins une fois au cours de leur vie. Au moins 6 femmes sur 10 estiment que le harcèlement sexuel en public s’est empiré depuis la Covid-19. En dehors d’être des obstacles majeurs à l’élimination des épidémies du VIH/sida, du paludisme ou de la tuberculose, ces violences pèsent lourdement sur l’économie mondiale. Sans actions urgentes, alerte le rapport d’ONU Femmes, il faudrait 300 ans pour combler les inégalités en matière de protection juridique ou de représentativité des femmes dans les sphères de pouvoir et de leadership.  

« Des actions urgentes doivent être prises si nous voulons atteindre l’ODD 5 – réaliser l’égalité des sexes et autonomiser toutes les femmes et les filles- qui est indispensable pour un développement durable. Car, il est impossible de créer une société juste et prospère lorsque les femmes et jeunes filles, maillons indispensables de nos communautés, continuent d’être victimes de violences et d’inégalités de tout genre. »

Abouma Sévérine Nebie, présidente de l’association pour l’Intégration Économique et Sociale des Femmes dans le développement (IES-Femmes) engagée dans l’initiative Voix EssentiELLES au Burkina Faso

Des voix indispensables

« Aujourd’hui, il est crucial de renforcer la sensibilisation et l’engagement de toutes les parties prenantes pour l’élimination des inégalités et violences basées sur le genre. En cela, la rencontre des organisations de l’initiative Voix EssentiELLES à Abidjan est un véritable tremplin. »

Khady Cissé fondatrice de l’Organisation pour la Santé de l’Enfant de la Femme et de la Famille OSEFF engagée dans l’initiative Voix EssentiELLES en Côte d’Ivoire

Lancée par Speak Up Africa en 2021 en partenariat avec la fondation CHANEL et le Fonds mondial, l’initiative Voix EssentiELLES favorise la participation des organisations communautaires de femmes et de filles aux prises de décision et renforce leur capacité à influencer les politiques et programmes qui affectent leur santé. Grâce au fonds Voix EssentiELLES mis à leur disposition, les organisations engagées dans l’initiative sont en première ligne contre les violences et inégalités faites aux femmes et aux filles dans leurs pays.

« Que ce soit sur le plan sanitaire, économique ou social, des avancées énormes ont été réalisées chaque fois que les femmes et les jeunes filles ont la capacité d’exprimer leurs pleins potentiels. Il est donc primordial d’accompagner financièrement et techniquement les organisations de femmes qui œuvrent à renforcer le leadership féminin et à inverser la tendance actuelle des inégalités entre les genres. »

Fatimata Mamadou Lamine SY, Secrétaire exécutive de l’Association sénégalaise pour l’avenir de la femme et de l’enfant (ASAFE) engaggée dans l’initiative Voix EssentiELLES au Sénégal
Par Fatimata SY, activiste et Secrétaire Générale de l’Association Sénégalaise pour l’Avenir de la Femme et de l’Enfant (ASAFE). Fatimata est bénéficiaire du fonds Voix Essentielles au Sénégal.

Sali n’avait que 9 ans lorsque je l’ai rencontrée lors d’une de mes tournées de sensibilisation dans le nord du Sénégal. Mais son jeune corps de femme avait déjà été marqué à vie par l’excision. La tristesse et la colère que j’ai lues dans le regard de la jeune fille m’ont rappelé l’essence de mon engagement, il y a 25 ans, contre les mutilations génitales féminines au Sénégal.

Issue d’une famille d’exciseuses, mon combat pour préserver le corps et la dignité des femmes m’a toujours paru comme une évidence en dépit du rejet et des invectives qui en résultent. « Un combat d’une autre époque ! », me lance-t-on parfois, tant le développement rapide de notre continent ces dernières années peut laisser croire que ces pratiques n’existent plus.

Et pourtant, environ 50 millions de filles risquent de subir des mutilations génitales en Afrique d’ici 2030 selon l’ UNICEF. Dans mon pays, le Sénégal, près de 2 millions de filles et jeunes femmes ont subi une mutilation génitale en 2019. La prévalence de ces mutilations chez les jeunes filles de moins de 15 ans est de 16%.

Frein à la riposte au VIH

Si ces violences persistent encore, c’est surtout en raison des inégalités entre hommes et femmes dans nos communautés ainsi que des superstitions et valeurs patriarcales qui cristallisent les fantasmes autour du corps de la femme. En plus d’être une violation extrême de leur dignité et liberté, les mutilations génitales entravent la santé mentale et sexuelle des femmes.

Selon l’ONUSIDA, ces violences augmentent la vulnérabilité des femmes vis-à-vis des infections sexuellement transmissibles, notamment le VIH, qui touche deux à six fois plus les femmes que les hommes en Afrique subsaharienne. L’utilisation du même instrument chirurgical sans stérilisation ainsi que les risques accrus de saignement lors des rapports sexuels décuplent les risques d’infection à VIH chez les victimes. Même la pratique médicalisée des mutilations génitales n’est pas sans risque.

Dans de nombreux cas, le traumatisme et autres conséquences psychologiques résultant de ces violences annihilent la confiance des jeunes filles et leur capacité à imposer l’utilisation du préservatif à leur partenaire. Le souvenir des douleurs intenses et la honte de leur corps désormais marqué à jamais les empêchent de recourir aux services de dépistage ou de soins pour les affections ou infections génitales les plus bénignes.

Autonomie corporelle

Pour une riposte efficace au VIH, il est urgent de redonner aux femmes et aux jeunes filles le contrôle de leur corps, de leur vie et de leur avenir. Comment accepter qu’aujourd’hui encore, 93% de femmes au Sénégal n’ont pas la liberté de prendre leurs propres décisions en matière de santé, de contraception ou simplement de choisir quand et comment avoir des rapports sexuels avec leur partenaire ? Tant que ces inégalités persisteront, que les mutilations génitales perdureront et que les femmes seront réduites au silence en ce qui concerne leur corps et leur sexualité, l’élimination du VIH restera hélas un vœu pieux… 

Des organisations telles que le Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme aident les femmes et les filles à faire valoir leurs droits en matière de santé sexuelle et procréative via des programmes d’autonomisation et d’accès à l’éducation, ainsi que des actions visant à éliminer les obstacles liés au genre qui freinent l’accès aux services de santé. Au Sénégal, des centaines de jeunes filles de 13 à 18 ans ont pu bénéficier d’un accompagnement en matière de santé sexuelle grâce à l’initiative « Voix Essentielles » lancée en juillet 2021 par Speak Up Africa et soutenue par le Fonds mondial. 

Ces adolescentes exposées à une sexualité précoce le plus souvent avec des personnes adultes, sont désormais plus fortes et mieux à même d’éviter les pratiques sexuelles à risque et de prendre en main leur santé. Ces programmes en faveur des femmes et des filles doivent être soutenus, étendus et renforcés par les gouvernements, les agences internationales, les entreprises et la société civile. Ce n’est qu’à cette condition que nous pourrons lutter efficacement contre les violences basées sur le genre et espérer, enfin, en finir avec le sida…    

Cette tribune a été publiée initialement sur Jeune Afrique

Chaque 28 mai est consacré à la célébration de la journée mondiale de l’hygiène menstruelle. Cette journée nous concerne tous sans distinction de sexe, d’âge, de race, de situation géographique et de religion. Pourtant au Burkina Faso, parler des menstrues est toujours un sujet tabou. Cette difficulté à parler des menstrues en général et en particulier des comportements à adopter pour une bonne hygiène menstruelle freine l’avancée de nombreux efforts qui sont faits au quotidien pour l’égalité des genres.

La menstruation est un processus biologique naturel et normal qui témoigne d’une bonne santé reproductive de la femme. Elle ne doit pas être perçue comme un phénomène qui dégage une aura négative, de la peur, de la honte et de la gêne. C’est ainsi que cette journée mondiale de l’hygiène menstruelle se veut être une occasion de briser les tabous sur la menstruation, de sensibiliser et engager une conversation sur la thématique. Elle a pour but également d’interpeller les différents acteurs et décideurs clés sur la précarité menstruelle. 

Parmi les Objectifs du Développement Durable (ODD), l’ODD 6 « Eau propre et assainissement » vise à assurer la disponibilité et la gestion durable de l’eau potable et de l’assainissement, et un des buts précis implique de donner accès aux femmes et aux filles à des installations sanitaires et à des mesures d’hygiène adéquates d’ici 2030. Il est donc indispensable d’aligner la thématique de l’hygiène menstruelle comme une priorité de santé publique. 

Pour dynamiser la célébration de la journée mondiale de l’hygiène menstruelle et apporter notre contribution dans la lutte, nous organisons incessamment des évènements. En guise d’exemples, nous pouvons citer les campagnes digitales, les causeries éducatives, les formations sur la confection des serviettes hygiéniques réutilisables, des plaidoyers, des activités de mobilisation de ressource personnelles pour doter des serviettes hygiéniques réutilisables aux jeunes filles et femmes vulnérables. 

Toutes ces actions traduisent notre vision : « celle de créer un monde dans lequel toutes les jeunes filles et femmes sont épanouies ». Aussi ces actions ont pour but de :

Le 24 mai de cette année, nous avons lancé une campagne digitale sur nos réseaux de communication. Aussi, le samedi 28 mai, nous avons tenu une discussion sur les menstrues de façon générale et les mythes autours de la thématique. Cette discussion a réuni plus d’une vingtaine de nos membres et prendra fin par une séance aérobic pour dénoncer les nombreuses difficultés auxquelles les jeunes filles et femmes sont confrontées pendant leurs menstrues.

Ne restez pas en marge, nous devons toutes et tous briser les tabous autour de la santé et de la gestion de l’hygiène menstruelle, alors engagez-vous également à nos côtés !


Par Farida Tiemtore, Présidente des Héroïnes du Faso et récipiendaire du Fonds Voix EssentiELLES.

À Dakar, au Sénégal, l’organisation à but non lucratif Speak Up Africa rassemble partenaires pour célébrer les multiples actrices et acteurs du développement et célébrer la journée mondiale de l’Afrique.

Presqu’un an après le lancement de la campagne des LeadHERs d’Afrique (African LeadHERs en anglais), qui vise à promouvoir et amplifier les voix et actions de femmes africaines, provenant de tous les secteurs de la société, qui œuvrent au quotidien pour l’égalité femme-homme, et l’organisation du tout premier Forum des LeadHERs d’Afrique, en mars 2022, Speak Up Africa lance son podcast des LeadHERs d’Afrique en collaboration avec Entre-Elles, une plateforme d’expression et de partage créée par Tombany Kouloufoua.

 » C’est une immense fierté pour le podcast Entre-Elles de collaborer avec Speak Up Africa dans le cadre du lancement de la série de podcasts des LeadHers d’Afrique. L’amplification de la voix des femmes du monde est au coeur de la mission d’Entre-Elles et nous nous réjouissons de pouvoir célébrer Africa Day aux côtés des LeadHers africaines d’aujourd’hui et de demain. « 

Tombany Kouloufoua, fondatrice d’Entre-Elles

Les six premiers épisodes du podcast mettront en avant les profils et actions des participantes de l’initiative Voix EssentiELLES et qui vise à soutenir les femmes et les jeunes filles, dans toute leur diversité, en favorisant un engagement significatif dans les espaces et les processus de prise de décision qui influe sur les politiques et les programmes de santé. À l’occasion du lancement du podcast, la slameuse Sénégalaise Samira Fall s’est emparée du sujet et a développé un récital audio sur l’importance des voix féminines dans l’espace public. Ce texte fait écho au  manifesto du Forum des LeadHERs D’Afrique auquel Ysaora Thibus, escrimeuse et médaillée olympique française, Diandra Tchouatchang, basketteuse et médaillée olympique française et Badgyalcassie, chorégraphe et influenceuse ont contribuées.

 » Le Forum des LeadHERs d’Afrique est une très belle plateforme qui nous permet, à nous athlètes de haut niveau, de partager nos expériences avec un accent sur la transmission et le tout dans un esprit de sororité. J’y ai fait de très belles rencontres, à l’image des récipiendaires de l’initiative Voix essentiELLES, qui m’ont énormément inspirée. Ces discussions m’ont changé et je suis persuadée qu’en nous réappropriant le narratif, nous pourrons briser les préjugés. « 

Yasora Thibus dans son interview lors du Forum

Ce 25 mai, Speak Up Africa a également remis à l’Union sportive de Ouakam un chèque d’un million de FCFA, émanent des Fonds attribués à l’organisation lors de la cérémonie des Sport Impact Award, toute première organisée par Sport Impact. En mars 2022, Speak Up Africa a reçu le Prix du Jury pour l’impact de l’activité organisée en janvier 2021 lors de la célébration de la Journée mondiale des maladies tropicales négligées (MTN). Ce jour-là, Speak Up Africa, en collaboration avec l’agence Yard, le ministère de la Santé et de l’Action sociale et les principaux partenaires de la lutte contre MTN, a organisé la réalisation d’une fresque participative sur le terrain de l’US Ouakam, au pied du monument de la Renaissance, ainsi que la réalisation des portraits de Sadio Mané, Omar Sy, Issa Rae et Tacko Fall. L’activation a généré plus de 10 millions d’impressions sur les réseaux sociaux grâce à l’engagement des influenceurs Observateur et Fatou Guinée et à la viralité du contenu.

 » Nous avons été ravies de recevoir le Prix du Jury de la part de Sport en commun, qui magnifie le travail de Speak Up Africa dans le domaine du sport et de l’influence, et nous sommes aujourd’hui enchantées de continuer notre collaboration avec l’US Ouakam pour leur permettre de solidifier leurs activités et de créer un environnement attractif pour le sport féminin dans les communautés. Le Sommet de Kigali sur les MTN et le paludisme se déroulera le mois prochain au Rwanda et c’est important pour nous de continuer notre action de plaidoyer à travers cette fresque pour que toutes et tous, continuent de dire Non aux MTN ! « 

Yacine Djibo, Directrice exécutive de Speak Up Africa

Cette journée a également permis à Speak Up Africa, en amont de la Journée mondiale de la santé et de l’hygiène menstruelle marquée chaque 28 mai, de remettre à son partenaire de longue date, Special Olympics Sénégal, un lot de 1200 serviettes hygiénique, destinées aux athlètes, vivant avec une déficience intellectuelle, de se protéger au mieux chaque mois, pendant leur cycle menstruel. 

 » Je tiens à remercier Speak Up Africa pour son soutien de nos athlètes féminines à travers cette remise de serviettes hygiéniques. Les menstruations sont une réalité naturelle toutefois les jeunes filles et femmes ayant une déficience intellectuelle ont souvent plus de mal à gérer leurs menstrues avec dignité, et le premier obstacle est l’accès aux outils de gestion. Ces serviettes hygiéniques permettront à nos athlètes de mieux gérer leur menstrues et seront ainsi à même de vivre leur vie plus décemment. « 

Rajah Sy, Directrice de Special Olympics Sénégal

Depuis le 6 avril 2022, la ville de Marseille accueille la 11ème édition de la Conférence AFRAVIH, ou Alliance francophone des acteurs de santé contre le VIH et les infections virales chroniques ou émergentes. Créée en 2009, l’AFRAVIH a pour ambition de rassembler les acteurs professionnels de santé des différentes communautés engagées contre le VIH dans les pays francophones.

Depuis Ouagadougou et Abidjan, Farida Sonia Tiemtore et Pélagie Akoua Kouame ont rejoint la conférence pour mettre en avant l’initiative pilote Voix EssentiELLES, mise en œuvre par Speak Up Africa, une organisation à but non lucratif de communication stratégique et de plaidoyer basée à Dakar au Sénégal, et co-financée par le Fonds mondial et la Fondation CHANEL. 

« Nous sommes ravies de rencontrer aujourd’hui les héroïnes qui œuvrent au quotidien et dans leurs communautés respectives pour l’égalité des genres et plus spécifiquement la lutte contre le VIH/Sida et les violences basées sur le genre. Leurs témoignages et leurs voix sont essentielles pour faire avancer nos objectifs communs et renforcer les capacités des organisations dirigées par des femmes et des filles. »

Françoise Vanni, Directrice des relations extérieures et de la communication du Fonds mondial

Voix EssentiELLES vise à soutenir les femmes et les jeunes filles, dans toute leur diversité, en favorisant un engagement significatif dans les espaces et les processus de prise de décision qui influe sur les politiques et les programmes de santé au Burkina Faso, en Côte d’Ivoire et au Sénégal. À travers ce pilote, Speak Up Africa et ses partenaires visent à répondre à quatre principaux défis que sont (1) la participation politique et représentation limitées des femmes et des filles dans les espaces décisionnels des politiques et programmes qui attraient à leur santé, (2), les pratiques socioculturelles néfastes profondément enracinées, y compris diverses formes de violence, (3) les ressources insuffisantes et indirectes dédiées aux organisations communautaires dirigées par des femmes et enfin (4) la capacité limitée des petites organisations de base à s’engager dans le plaidoyer.

« Voix EssentiELLES nous permet d’exercer un véritable plaidoyer, à notre échelle et dans nos communautés, surtout à l’endroit des femmes et des jeunes, qui sont pour moi les piliers de notre développement. Nous pouvons éliminer le VIH/Sida, la tuberculose et le paludisme, mais pour cela nous avons besoin d’une solidarité collective dont l’écho raisonnerai au-delà des frontières. Du Burkina à Abidjan en passant par Dakar, nous luttons pour ce qui compte, et nous souhaitons vivement une mise à l’échelle de ce projet dans toute la sous-région. »

Farida Sonia Tiemtore, Fondatrice et Présidente des Héroïnes du Faso

Parce que la voix, la prise de décision et le leadership sont considérés comme des facteurs importants de l’autonomisation des femmes, l’association des Héroïnes du Faso œuvre pour le bien être des femmes au pays des hommes (et femmes) intègres. Elle a pour but de faire la promotion du respect des droits de la santé sexuelle et reproductive des femmes, l’engagement social, l’éducation et l’autonomisation des femmes. À travers l’initiative pilote Voix EssentiELLES, à laquelle elle participe, un fonds catalytique de 170 millions CFA a ainsi été créé pour soutenir des organisations de femmes et de filles sélectionnées avec des objectifs réalisables et limités dans le temps. 

« Nous avons des objectifs de développement durable communs, objectifs pour lesquels nous œuvrons tous sans relâche en matière de santé mondiale. Pour les atteindre, il nous faut également penser et soutenir les objectifs des femmes et des filles à l’échelle communautaire. Les écouter, les soutenir et les financer, car leurs solutions et leurs actions doivent constituer notre ligne directrice pour l’élaboration de nos stratégies et plans d’actions. »

Stéphanie Seydoux, Ambassadrice pour la Santé mondiale de la France

En septembre prochain, le Fonds mondial organisera la 7ème Conférence de reconstitution de ses ressources où au moins 18 milliards de dollars seront nécessaires pour lutter contre le VIH, la tuberculose et le paludisme et également renforcer les systèmes de santé. Depuis sa création, le Fonds mondial a investi plus de 53 milliards de dollars US, sauvé 44 millions de vies et abaissé le taux de mortalité combiné des trois maladies de plus de la moitié dans les pays où il investit. En 2022, nous avons besoin d’un nouvel élan de solidarité et de leadership à l’échelle mondiale.

« Les financements alloués par le Fonds mondial sont cruciaux pour le bien-être de nos communautés. Les intrants et les médicaments qui nous permettent de lutter contre le VIH/Sida au jour le jour, sauvent des vies. En plus de ces intrants, nous avons besoin de soutien pour mener nos activités au quotidien auprès des femmes et des travailleuses du sexe. Voix EssentiELLES est une initiative qui nous finance directement et nous aide à mener à bien nos activités, les financements de l’initiative sont donc plus qu’essentiels pour nous et nos bénéficiaires. »

Pélagie Akoua Kouame, Fondatrice et Directrice de COVIE en Côte d’Ivoire

En définitive, la santé communautaire est critique pour atteindre l’égalité des genres et mettre fin aux violences basées sur le genre. Pour se faire, des partenariats publics-privés innovants sont plus que nécessaires afin de donner la parole, la place et les outils nécessaires aux organisations qui œuvrent au quotidien auprès et en faveur des personnes les plus vulnérables dans nos sociétés, les femmes et les filles dans toute leur diversité. Nous devons changer le narratif, changer le paradigme et changer les comportements mais surtout, lutter pour ce qui compte.

Marseille, le 7 avril 2022

Ouagadougou, Abidjan et Dakar, 10 mars, 2022 – En marge du Forum Génération Égalité de juin 2021, Speak Up Africa a lancé son initiative « African LeadHERs » qui vise à promouvoir et amplifier les voix et les actions des femmes et des filles africaines qui luttent en faveur de l’égalité hommes-femmes. African LeadHERs encourage un nouvel état d’esprit qui consiste à réfléchir et agir de manière créative afin de faire bouger les choses, en innovant et incluant les femmes et des filles dans les espaces décisionnels afin de parvenir à un monde plus juste et plus équitable. 

Pour commémorer la Journée internationale de la femme, Speak Up Africa a organisé son tout premier forum African LeadHERs. L’événement a eu lieu les 7 et 8 mars et a rassemblé plus de 260 participants en ligne et en personne au Burkina Faso, en Côte d’Ivoire et au Sénégal, dont 26 experts et champions, dans le cadre de six activations. Au cours de la première journée, le forum s’est concentré sur Voix EssentiELLES, une initiative lancée par Speak Up Africa en 2021 et cofinancée par le Fonds mondial et la Fondation CHANEL. Par le biais de cette initiative, des organisations à base communautaire dirigées par des femmes peuvent obtenir une subvention d’un montant maximum de 10 000 USD ou d’un maximum de 5 millions XOF pour les entités ou les leaders de l’organisation. 

« Nous remercions sincèrement les organisations comme Speak Up Africa, qui nous soutiennent en nous apportant des financements, un soutien technique et des moyens de renforcer nos capacités comme par le biais de l’atelier de récits ».

Fatimata Sy, présidente de l’Association sénégalaise pour l’avenir des femmes et des enfants (ASAFE) et bénéficiaire du fonds Voix Essentielles au Sénégal.

Le coût de la discrimination et de l’inégalité entre les sexes a de multiples ramifications. Les taux élevés de discrimination fondée sur le genre s’accompagnent souvent de pourcentages plus élevés de violations des droits humains, telles que les mutilations génitales féminines (MGF) et les violences basées sur le genre. L’UNICEF estime que les mutilations génitales féminines, qui constituent une violation systématique des droits à l’intégrité physique d’une personne, ont touché 200 millions de femmes dans trente pays.

L’alphabétisme financier est un autre défi auquel de nombreuses sociétés sont confrontées. Encourager l’alphabétisme financier permet de réduire le nombre de personnes non bancarisées, ce qui contribue à l’autonomisation des femmes en les mettant sur la voie de l’indépendance financière. De plus, l’alphabétisme financier peut contribuer à renforcer l’autonomie des femmes et des mères, en retardant l’âge auquel on marie les filles. Souvent, les filles sont poussées à abandonner l’école et à se marier très jeunes, et sont dissuadées de poursuivre leurs études. En Côte d’Ivoire, l’atelier Voix Essentielles s’est concentré sur le pouvoir de l’inclusion financière des femmes pour briser les préjugés. Cet atelier était facilité par Mariam Djibo, directrice générale d’Advans Côte d’Ivoire, une institution de microfinance, tandis qu’au Burkina Faso, Harouna Drabo, journaliste et vérificateur de faits, a appris aux bénéficiaires du projet le pouvoir de la communication et du récit. La première journée du Forum s’est terminée par une intervention de Nadia Mensah Acogny sur l’art de parler en public, tout en soulignant l’importance de la confiance en soi : « Personne ne sait mieux que vous, parler de vos problèmes et de vos solutions », a-t-elle conclu.

« Autonomiser les femmes est une question de bon sens économique, juridique et moral »

a déclaré Jean-Philbert Nsengimana, directeur général pour l’Afrique du Commons Project, lors de notre conversation en ligne de haut niveau sur l’innovation dirigée par les femmes en Afrique

« Parvenir à une santé durable et à l’égalité entre les sexes sur le continent »

qui a eu lieu le deuxième jour du Forum African LeadHERs. Elle était organisée en partenariat avec la Fédération internationale des fabricants et associations pharmaceutiques (IFPMA), avec laquelle nous avons lancé le Prix des jeunes innovateurs africains en 2020 et le Women Innovators Incubator en septembre 2021. L’incubateur a pour but de combler les lacunes flagrantes en matière d’innovation dirigée par les femmes et de s’attaquer aux obstacles supplémentaires qu’elles doivent surmonter pour faire passer leurs idées commerciales du concept à la mise en œuvre.

Un message récurrent au cours du forum était l’importance de s’approprier ses propres récits, un thème qui revient souvent dans le cadre du travail de Speak Up Africa. Au cours de la deuxième journée du Forum, les discussions ont également porté sur les façons de faire progresser l’intégration de la dimension de genre, tout en mettant en avant la diversité.

« Des initiatives telles que le Forum African LeadHERs contribuent à souligner l’importance des mouvements positifs »,

a fait remarquer Ysaora Thibus escrimeuse et médaillée d’argent olympique de l’équipe 2021, qui s’exprimait sur l’importance de la représentation et du sport pour réaliser l’égalité entre les hommes et les femmes.

« La plupart du temps, les femmes sont conditionnées à absorber des messages néfastes sur leur place dans la société, tant au travail qu’à la maison. Quels que soient les lieux où elles se présentent, les femmes doivent voir qu’elles sont représentées et qu’elles prennent en main leur destin. »

En 2020, Ysaora a créé Essentielle stories pour renforcer le discours sur les femmes dans le sport en leur offrant une tribune pour s’exprimer et raconter leurs propres histoires. Lors de l’événement final du Forum qui avait pour thème « Sport, leadHERship et influence : le pouvoir de la représentation pour briser les préjugés », Ysaora se trouvait aux côtés de Diandra Tchouatchang, basketteuse française et médaillée d’argent olympique de l’équipe 2021 et de Cassandra Ngbolonga, chorégraphe professionnelle, fondatrice de Beafrika et phénomène Instagram. Le panel et les activités de l’après-midi se sont achevés par la peinture d’une fresque African LeadHERs, sur laquelle les trois femmes ont gravé leur message. Rajah Sy, directrice de Special Olympics Sénégal et Astou Ndiaye, championne WNBA ont également participé aux discussions en présence de 30 jeunes filles et femmes. « Il est important que nous cherchions à célébrer nos différences et que nous les considérions pour ce qu’elles sont : des forces. » a ajouté Rajah Sy.

Au cours du Forum African LeadHERs, Speak Up Africa a lancé sa stratégie en matière de genre et d’inclusion sociale. Elle comprend quatre orientations stratégiques et huit normes opérationnelles définies pour intégrer la dimension de genre, et détaille une approche à plusieurs volets pour apporter des solutions aux problèmes les plus critiques auxquels les populations africaines sont confrontées afin de créer un monde plus équitable.

À l’échelle mondiale, les inégalités entre hommes et femmes et le manque de parité se sont avérés préjudiciables à l’avancement des droits des femmes et de l’égalité. On peut en mesurer le coût en tenant compte de différents paramètres, notamment l’emploi, les opportunités, les moyens de subsistance et les perceptions sociales.

« Il est nécessaire d’agir contre la discrimination, mais aussi d’en faire prendre conscience et de reconnaître qu’elle existe. Nous avons identifié six principes directeurs clés et quatre orientations stratégiques principales qui orientent notre travail de promotion de l’intégration de la dimension de genre »

« Nous avons également établi un cadre de mise en œuvre solide, comprenant huit normes directrices minimums. Établir des objectifs clairs et réalistes permettra de réaliser ce plan et explique l’importance de chaque action. »

Yacine Djibo, fondatrice et directrice exécutive de Speak Up Africa.

Dans le cadre du African LeadHERs Forum et pour marquer la Journée internationale des droits de la femme, Speak Up Africa a réuni des organisations communautaires de l’initiative Voix essentielles à Ouagadougou, Abidjan et Dakar pour briser les préjugés et parvenir à l’égalité des genres.

L’initiative Voix EssentiELLEs a été lancée en 2021 pour avoir un impact positif et amplifier la voix, le leadership et le pouvoir de décision des femmes à différents niveaux. Elle célèbre la diversité des femmes et des filles et les implique activement dans des espaces d’autonomisation mis en place pour aider à lutter contre les conséquences néfastes des préjugés basés sur le genre.

Les préjugés basés sur le genre ont de fortes répercussions sur la carrière et la vie quotidienne des femmes. Dans le cas d’un travail souvent accompli par les femmes, ce travail est socialement sous-évalué. Malheureusement, les femmes sont confrontées à des résultats similaires en matière de discrimination lorsqu’elles effectuent un travail dans des domaines généralement sous-représentés. Ainsi, elles sont confrontées à la discrimination basée sur le genre dans divers domaines – y compris en terme de salaire et de la perception de leur engagement au travail.

En tant qu’organisation de communication stratégique et de plaidoyer, Speak Up Africa se consacre à la promotion du changement de politique et à une plus grande sensibilisation au développement durable, notamment en ce qui concerne le paludisme, les maladies tropicales négligées, l’assainissement et la vaccination. L’organisation s’investit également pour catalyser le leadership, notamment au sein de la population féminine. Pour marquer la Journée internationale des droits de la femme, Speak Up Africa a lancé son tout premier African LeadHERs Forum, ou Forum des LeadHERs d’Afrique en françaisn, afin de célébrer et de promouvoir le leadership, les actions, les voix et les innovations des femmes sur le continent.

Le premier jour du Forum s’est concentré sur l’initiative Voix EssentiELLEs et son « Université de l’ExcELLEnce ». Des sessions en personne et en ligne ont été organisées au Burkina Faso, en Côte d’Ivoire et au Sénégal afin de fournir des plateformes aux voix des communautés, de souligner le pouvoir et la représentation cruciale d ces voix dans les dialogues nationaux, régionaux et mondiaux et de renforcer les capacités de leadership – en matière de communication, d’inclusion financière et de prise de parole en public.

La journée a débuté par une session animée par Harouna Drabo, journaliste et fact-checker au Burkina Faso, défenseur des droits des femmes et récipiendaire du Prix du Leadership Speak Up Africa 2021, à laquelle se sont jointes 23 organisations communautaires en personne. Le thème de la session « Briser les préjugés dans les médias : le pouvoir du storytelling et de la communication » a renforcé l’importance de la voix des femmes dans les médias ainsi que de la réappropriation du narratif.

« Le African LeadHERs Forum est une excellente plateforme pour développer le profil des femmes dans les médias. Notre session et nos discussions ont mis l’accent sur le besoin crucial d’un nouveau narratif qui révélera le plein potentiel des femmes, et surtout, mettra en lumière leurs contributions significatives au développement global de l’Afrique », a commenté Harouna Drabo.

En Côte d’Ivoire, la session consacrée à l’inclusion financière a été animée par Mariam Djibo, Directrice générale d’Advans Côte d’Ivoire et le Dr Emma Angoua, Présidente de la Plateforme mondiale des femmes entrepreneurs en Côte d’Ivoire. « En Côte d’Ivoire, 9 millions de femmes participent activement à l’économie du pays, mais seulement 1 million d’entre elles ont un compte bancaire. Fournir des services financiers à ces femmes est une étape cruciale pour leur autonomisation financière et générale » a ajouté Mariam Djibo.

La première journée du Forum s’est terminée par une session avec Nadia Mensah-Acogny, Directrice des opérations chez Acosphere. Rejoint par plus de 20 OSC et invités spéciales, dont Diandra Tchatchouang, joueuse de basket-ball française et gagnante de la médaille de bronze avec l’équipe de France lors des derniers jeux olympiques de Tokyo, Ysaora Thibus, escrimeuse, trois fois championne olympique et gagnante d’une médaille d’argent avec l’équipe de France à Tokyo, ainsi que Cassie Ngbolonga, chorégraphe et influenceuse originaire de la République centrafricaine. Lors de la session sur le pouvoir de la parole et la prise de parole en public, Nadia Mensah Acogny a souligné : « Prendre la parole, c’est prendre le pouvoir. Mais le pouvoir ne se donne pas, il se conquiert. Maîtriser l’art de la parole nous permet de transformer le regard que les autres portent sur nous, de briser les préjugés, de réécrire l’histoire et d’écrire notre avenir. »

Actuellement, les femmes sont fortement dissuadées d’assumer un rôle de leadership. Que ce soit sur le plan culturel ou économique, dans de nombreux pays, les normes culturelles tendent à privilégier la présence des femmes au foyer. Parallèlement, les jeunes filles sont souvent poussées à se marier tôt et découragées d’aller à l’école. Ces attitudes culturelles influencent donc les normes sociales et contribuent au nombre relativement faible de filles et de femmes dans les entreprises, nombre qui semble diminuer en fonction du poste dans l’entreprise.

Celles-ci ont des incidences tant sur le plan économique que sur celui de la santé publique, le manque d’éducation, de connaissances, d’émancipation et d’indépendance financière entraînant souvent une dégradation de la santé des femmes et des filles, notamment en ce qui concerne la santé maternelle, natale et sexuelle. En outre, les virus transmissibles par la communauté et d’autres grandes maladies de santé publique comme le paludisme, le VIH et la malaria sont un fléau persistant sous certains climats.

« À travers Voix EssentiELLEs, une partie de notre mission est de contribuer à briser ce préjugé », conclut Yacine Djibo, directrice exécutive de Speak Up Africa. « Cela implique la création d’un mouvement positif qui permet aux femmes non seulement de se voir représentées dans n’importe quelle pièce où elles entrent – mais aussi de participer de manière significative aux espaces de décision qui affectent leur santé. »

Ouagadougou, Abidjan, Dakar, Sénégal, 8 mars 2022