12 10 2021
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Le 11 octobre dernier, nous avons célébré la Journée internationale de la fille, une journée visant à évoquer les défis auxquels font face les filles et encourager leur autonomisation. Cette année, le thème de cette journée portait sur « Génération numérique, Notre génération », un thème d’autant plus parlant dans le contexte de la COVID-19.
Il est important de soutenir les jeunes filles afin de leur permettre de réaliser leur plein potentiel et de prendre leurs propres décisions quant à leur avenir car les inégalités entre les femmes et les hommes démarrent dès le plus jeune âge. En effet, et alors que les femmes sont le moteur du développement économique en Afrique, il est estimé qu’il faudra 121,7 ans pour réduire les écarts en Afrique subsaharienne.
Encore aujourd’hui, il existe des inégalités d’accès aux services de santé pour les jeunes filles et femmes liées à des facteurs culturels, sociaux et économiques et notamment dans les pays en développement : elles disposent de revenus plus faibles, dépendent d’un membre de leur famille, ont des charges familiales lourdes, n’ont pas accès à l’éducation ou encore souffrent de discrimination. Nous savons aussi que ces inégalités perdurent toutes leurs vies. Plus jeunes, on ne leur prête pas la même attention qu’aux garçons lorsqu’elles souffrent de maladies infantiles. Et lorsqu’elles sont adolescentes et en âge de procréer, elles n’ont pas des conseils et soins gynécologiques adaptés. Il est à noter que outre la mortalité maternelle, les mutilations génitales et les maladies sexuellement transmissibles, les femmes âgées de 15 à 49 ans sont en effet plus touchées par le VIH, la tuberculose et le paludisme.
Ces nombreux obstacles les empêchent d’être présentes à l’école ou au travail et donc d’être pleinement autonomes, alors qu’en parallèle, elles contribuent fortement au secteur de la santé, représentant 70% des effectifs des agents de santé communautaire au niveau mondial.
L’éducation est un socle vital pour ces jeunes filles afin qu’elles puissent acquérir les connaissances nécessaires pour participer par la suite aux processus d’élaboration des politiques et réduire les pesanteurs socioculturelles qui les suivent tout au long de leur vie.
Pour le Professeur Ndioro Ndiaye, Coordonnatrice du Réseau Francophone pour l’Égalité Femme-Homme et Présidente du Comité consultatif de Voix EssentiELLES, il est primordial de mettre en avant les femmes dans les espaces de prise de décision : « Alors que nous célébrons la Journée internationale de la fille, j’appelle à une plus grande représentation dans les systèmes politiques, et à ce que davantage de femmes s’impliquent dans la politique de proximité. » s’est-elle ainsi exprimée dans une tribune pour Face 2 Face Africa. Les femmes sont aussi les mieux placées pour élaborer des politiques qui permettront de répondre précisément aux problématiques qu’elles vivent au quotidien. En effet, « les capacités des femmes à faire entendre leurs voix, à prendre des décisions, et à assumer leur leadership sont essentielles pour leur autonomisation. » a-t-elle précisé pour la BBC Afrique, dans une émission diffusée à l’occasion de la Journée.
L’initiative Voix EssentiELLES, lancée en juillet dernier par Speak Up Africa et cofinancée par le Fonds mondial et la Fondation CHANEL, au Burkina Faso, en Côte d’Ivoire et au Sénégal, répond précisément à ces enjeux. Elle vise à soutenir et renforcer les capacités des organisations de femmes et jeunes filles afin qu’elles participent à l’élaboration de politiques de santé qui affectent leur santé et leur bien-être. Dans le cadre de Voix EssentiELLES, un fonds dédié a été mis en place et un soutien technique leur sera apporté à travers l’Université de l’ExcELLEnce afin de leur faire bénéficier de compétences organisationnelles, en leadership, plaidoyer et communication dans les trois pays.
« Je suis très heureuse de voir que Voix EssentiELLEs entend favoriser l’émergence des micro-organisations qui sont bien nombreuses au Burkina Faso et malheureusement manquent d’opportunité de financement pour mieux agir. Cette initiative marque une révolution dans le processus de mise en œuvre des programmes de développement en santé au Burkina Faso. »
Stevie Reine Yameogo, Vice-présidente du Réseau des Jeunes Ambassadeurs pour la Santé de la Reproduction et la Planification Familiale au Burkina (JASR-PF/Burkina).
La thématique du genre est indissociable de l’amélioration des conditions de santé des populations et elle doit être intégrée pour répondre précisément aux besoins des jeunes filles et femmes.
Toujours à l’occasion de la Journée internationale de la jeune fille, et afin de catalyser davantage d’attention et d’investissements sur l’impact du paludisme sur les jeunes filles et femmes, le Partenariat RBM pour en finir avec le paludisme, le Fonds mondial, Speak Up Africa et ONU Femmes ont organisé un événement virtuel sur le thème « Faire avancer l’égalité du genre pour en finir avec le paludisme ».
« Pendant trop longtemps la lutte contre le paludisme n’a pas tenu compte du genre. Il est temps de s’attaquer au poids caché que représente le paludisme pour les femmes et les filles. »
Ellen Johnson Sirleaf, co-Présidente du Conseil mondial pour mettre fin au paludisme, ancienne Présidente du Libéria et Fondatrice du Presidential Center for Women Leaders and Development.
Le paludisme présente de nombreuses conséquences pour des millions de femmes et les jeunes filles que ce soit en termes d’accès aux soins de santé, à l’école et à l’emploi. Ce fléau pèse notamment sur les femmes enceintes car il entraîne pendant la grossesse près de 10 % des décès maternels, 11 % des décès de nouveau-nés et 20 % des mortinaissances en Afrique subsaharienne. Les femmes sont à l’avant-garde de la lutte contre le paludisme, que ce soit dans les services de santé en tant qu’agents de santé, dans la sphère publique en tant que leaders communautaires ou à la maison en prenant soin des membres de leurs familles. Afin de leur permettre une meilleure gestion de la maladie, « Il faut d’abord renforcer leurs capacités et les mettre au-devant de scène en les aidant, en les soutenant moralement, physiquement et financièrement. » souligne Fatimata Sy, Présidente de l’Association Sénégalaise pour le Futur de la Femme et de l’Enfant dans le cadre d’une vidéo diffusée lors de l’événement et au sujet de l’initiative Voix EssentiELLES.
Cependant, la marche vers l’égalité des genres ne pourra se faire que si les garçons et les hommes sont intégrés.
La notion de masculinité positive doit être largement promue afin de leur permettre d’être des alliés dans cette lutte. Dans des espaces à dominante masculine, leur prise de position et leur engagement permettraient de faire changer les comportements, lutter contre les préjugés et redéfinir les rapports sociaux entre les hommes et les femmes.