18 02 2025
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La campagne annuelle des 16 jours d’activisme contre les violences basées sur le genre (VBGs) offre une opportunité de rassembler les énergies, les voix et les idées autour d’un objectif commun : éliminer toutes les formes de violences faites aux femmes et aux filles. Afin de marquer cette mobilisation, Speak Up Africa, a en Novembre dernier, soutenu les membres du Réseau Voix EssentiELLES au Burkina Faso, au Sénégal et en Côte d’Ivoire dans la mise en œuvre d’actions de plaidoyer visant à valoriser la participation des femmes dans la lutte contre les violences qu’elles soient médicales, économiques, physiques ou sexuelles. Ces forums de discussions et d’échanges ont aussi permi de mettre en avant les partenariats privés et publics nécessaires pour mener le combat contre les VBGs et faciliter l’inclusion des perspectives féminines et communautaires dans le secteur de la santé et de la protection.
Qu’il s’agisse de panels, d’ateliers sportifs ou de plaidoyers juridiques, ces initiatives témoignent de la richesse des approches adoptées par des femmes leaders locales pour répondre à la diversité des défis rencontrés sur le terrain.
La réalisation des droits des femmes ne peut être accomplie sans un accès à la santé. C’est sous cette philosophie que le Réseau Voix EssentiELLES du Burkina Faso a été invité à tenir une session lors de la conférence de lancement du Chapitre Burkina Faso de l’Association African Women Lawyer Association (Association des femmes africaines avocates); en Novembre dernier sous la thématique « L’impact de la santé dans l’autonomisation économique et sociale des femmes ». Les Voix EssentiELLEs burkinabés ont animé un panel mettant en exergue les différentes approches communautaires visant à faciliter l’autonomisation des femmes au travers d’interventions sur la santé. Parmi elles, Farida Sawadogo (IES Femmes) a insisté sur l’importance des initiatives axées sur la santé et le bien-être pour renforcer l’autonomie des femmes. Toé Nadine (Association contre les Grossesses en Milieu Scolaire) a sensibilisé à l’impact des grossesses précoces sur le développement des jeunes filles, tandis que Nana Pauline (Association pour le Soutien des Enfants et des Femmes Vulnerables) a mis en avant les efforts de lutte contre les VBGs et les défis en matière d’accompagnement des survivantes. Maïmouna Nacro de l’Association Des Femmes Handicapées Battantes du Burkina Faso (AFHBB) a rappelé les besoins spécifiques en santé des femmes en situation de handicap, souvent négligés dans les politiques de développement.
Ces échanges ont souligné l’importance de la santé comme pilier fondamental de l’autonomisation des femmes, tout en illustrant l’impact transformateur des actions locales menées par et pour les femmes.
Lors des Journées Scientifiques Sida 2024 qui se sont tenues du 26 au 28 Novembre 2024 à Dakar, le Réseau Voix EssentiELLES Sénégal a organisé deux panels interactifs sur les liens entre la santé communautaire et la lutte contre les VBGs. Les échanges ont permis de souligner le rôle crucial des femmes et des jeunes dans la prévention et le plaidoyer, en s’appuyant sur les expériences des organisations locales.
Le leadership féminin dans la santé n’est pas un choix, c’est une nécessité. Avec 70% de femmes dans nos associations, nous sommes la colonne vertébrale de l’action communautaire – issatou Mbaye Ndiaye, Présidente du CSVA
Des organisations comme ABOYA, le Comité de Suivi, de Veille et d’Alerte de la société civile (CSVA) et le Club des Jeunes Filles de Kolda ont présenté les bonnes pratiques retenues de leur activités sur le terrains, telles que l’intégration des services de santé reproductive dans la lutte contre le VIH ou encore la création d’outils numériques pour améliorer la prise en charge des survivantes de VBGs. Ces discussions ont aussi mis en évidence le rôle inattendu de ces organisations communautaires comme liens avec les autorités administratives et sanitaires pour faciliter l’accès aux services publics pour les jeunes, renforçant l’idée que l’accès à des soins de qualité est un pilier essentiel pour briser les cycles de stigmatisation et de violence.
Par ailleurs, les 7 et 8 décembre 2024, Speak Up Africa et la Basketball Africa League (BAL) ont réuni plus de 100 jeunes basketteuses pour un atelier alliant sport et sensibilisation. Les Voix EssentiELLES leaders, Sylvie Diack du Club des Jeunes Filles de Kolda, Fatoumata Sy de l’Association Sénégalaise pour l’Avenir de la Femme et de l’Enfant (ASAFE) et Mbissine Ndior du Réseau des Jeunes pour la Promotion de l’Abandon des Mutilations Génitales Féminines et des Mariages d’Enfants (RJPAMGF/ME) ont partagé leur expertise en matière de prévention des VBGs et de leadership, tout en sensibilisant les jeunes filles à l’importance du consentement, des limites et du respect dans le sport. Cette initiative a démontré comment le basket-ball peut servir de plateforme puissante pour promouvoir l’égalité et l’autonomisation, en outillant les jeunes athlètes pour qu’elles deviennent des championnes du changement dans leurs communautés.
En Côte d’Ivoire, le Réseau Voix Essentiel a organisé un panel axé sur la prise en charge holistique des femmes victimes de VBGs, réunissant des expertes, des leaders communautaires, et des représentants institutionnels. Les discussions ont révélé des défis tels que l’accès limité aux services psychosociaux et juridiques, tout en mettant en lumière des solutions basées sur la synergie entre acteurs.
La prise en charge holistique, ont souligné les panélistes, va bien au-delà du soutien psychologique : elle englobe également des dimensions sociales, sanitaires et économiques pour permettre aux survivantes de se reconstruire.
Marie Louise Yao, experte en genre, a également rappelé que la dénonciation est un levier essentiel pour réduire les cas de VBG, tout en appelant à une vigilance accrue des autorités locales et des acteurs sociaux pour renforcer la protection des victimes.
Cette initiative du Réseau Voix EssentiELLES, point culminant d’une campagne menée dans plusieurs villes ivoiriennes, a marqué un tournant dans les efforts de sensibilisation en Côte d’Ivoire, en encourageant les communautés à s’engager activement pour mettre fin aux VBGs. Elle illustre une fois de plus l’importance de mobiliser des approches locales et collectives pour faire avancer l’égalité de genre et protéger les droits fondamentaux des femmes.
Les initiatives menées dans ces trois pays reflètent la diversité des approches nécessaires ainsi que la force de l’action collective pour mettre fin aux VBGs. En soutenant des femmes leaders locales, Speak Up Africa contribue à bâtir des sociétés où la santé, l’égalité de genre et le bien-être des populations sont des priorités. Ces actions collectives rappellent qu’en unissant expertise, engagement et ressources, nous pouvons transformer les mentalités et construire un avenir plus juste et équitable.